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Les politiciens sont-ils victimes de leur propre succès?
Par Bryan D.
Les
politiciens sont fourbes, imbéciles et sans parole; voilà comment nos
représentants sont dépeints jour après jour. Mais pourquoi? Mais surtout,
comment des citoyens fourbes,
imbéciles et sans parole peuvent-ils être élus? Pire, comment peuvent-ils être
réélus? Ou alors, nos politiciens sont-ils victimes de leur propre succès, ou
sommes-nous trop crédules face à
notre système?
Commençons
chronologiquement. Force est de constater que lors d’une campagne électorale,
un candidat se présente à la population comme un super-héros. Et, effectivement, le candidat affirme, et
se doit d’affirmer, qu’il a les
solutions de tous les problèmes qui pèsent sur la région qu’il tente de
représenter. Car, dans le cas contraire, il sera tout sauf l’élu. Une panacée
pour la confiance du peuple, voilà le marché démocratique.
Mais
intrinsèquement, cela a son lot de désavantages. D’une part, quel genre
d’individu est en mesure de nous offrir sur un plateau électoral les solutions
à nos problèmes? Un surhomme, ou à tout le moins, quelqu’un de compétant. Mais,
ne sommes-nous pas, en tant que
peuple et individus, trop intransigeants avec quelqu’un qui se réclame comme
surhomme et qui échoue. Trop intransigeants parce que nous sommes portés à
croire trop facilement qu’il possède les solutions à nos problèmes, et au lieu
d’adopter une position critique au moment de l’élection, nous préférons
l’approche réactionnelle. Autrement dit, c’est notre crédulité qui engendre
notre intransigeance. Mais au lieu d’admettre notre incrédulité, nous préférons
accuser l’autre. La démarcation
entre le messie et le martyre est mince. ou ; une erreur suffit pour faire fuir
tout les convertis.
D’autre
part, examinons la problématique sous l’aspect du visage de l’autre. Le
candidat, lors d’une campagne électoral, tente de s’élever au niveau de
surhomme. Il possède les qualités, les vertus et les valeurs nécessaires pour
représenter un peuple. Son visage est, pour le peuple, un symbole auréolé de
succès. Mieux, il est l’incarnation du bien. Il est à tous les égards meilleur
que l’individu moyen, du moins c’est la façon dont la plupart des gens se le
représentent. Le commun[t1], par rapport au candidat, est dans une position
d’infériorité dans la mesure où il ne possède pas le temps nécessaire pour
résoudre les problèmes de la société, ni même l’expertise adéquate. Il me
semble que trop souvent, l’individu se dévalorise au profit du candidat.
Cependant, que se passe-t-il lorsque le candidat élu n’est pas en mesure de
respecter sa promesse, ou alors ne veux pas la tenir?
Voici
le nœud du problème :le candidat, jadis maître de la situation, est devenu
le politicien victime du jeu gouvernemental. Le peuple, qui a investi le
politicien d'une certaine confiance,
se voit maintenant trahi, car jamais son représentant n’arrivera à
respecter tous ses engagements puisque aucun homme sur cette terre, aussi digne
soit-il de mention, ne peut être un surhomme. Au mieux, il est un homme de bien[t2], rien de plus. Mais cela, le peuple ne le prend pas
en considération. Il a accepté le
postulat que le candidat est un surhomme qui n’échouera pas. Mais devant son
échec, le peuple est plus sévère envers le représentant. Les hommes, en règle
générale, sont plus sévères avec ceux qu’ils estiment capable de mille
merveilles.
Bref, si tous les politiciens n’écoutaient pas tant
leur agent d’image publique et adoptaient plutôt une certaine modestie, j’ose
croire que l’électorat serait beaucoup plus compréhensif envers nos fiers
représentants. Mais, jusque là, nous restons dans le cercle vicieux du mirage
politique. Espérons seulement que l’idéal démocratique ne se déshydrate pas
avant de suffoquer sous la pression populaire.